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Un rêve de confetti bleus...
Un rêve de confetti bleus...
  • La Terre va mourir de chagrin sans que les hommes, toujours plus avides, ne fassent le moindre effort pour la préserver. Comment vivront nos enfants dans un futur qui se rapproche inexorablement.
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9 avril 2006

Le rêve continue

Rappelez-vous.

Le regard levé vers le ciel, notre petite fille le scrutait à la recherche de taches bleues semblables à de petits confettis.

Dans cette structure, lisse, nette, aseptisée, les jours semblent identiques et sans surprises. La population peu nombreuse se résume à un nombre limité d’hommes et de femmes et encore moins d’enfants.

Chacun a une fonction bien déterminée, adaptée à son sexe et son âge. Les enfants sont éduqués en commun.

Cette cage transparente traversée par une pâle lumière parait irréaliste. Notre petite fille, après une journée d’étude, s’assied près d’une paroi translucide avec l’espoir que ces petits confettis bleus seront au rendez-vous.

Ce qu’elle ignore, c’est que dans ce monde déserté, abandonné de toute vie végétale et animale, des enfants comme elle, le nez collé aux parois implorent ce ciel gris et cotonneux de faire apparaître ces papillons d’azur qui illumineront leur quotidien.

Les adultes ne comprennent pas, mais que recherchent-ils ?

Ce que nos enfants recherchent !

De l’espoir, et cet espoir tient à de minuscules confettis bleus.

« Rêvons, il y a fête au ciel, nos confettis ont décidés de faire carnaval et à cette occasion ils vont se réunirent. Se serrant les uns contres les autres, nos petits confettis gonflent de liesse, s’étalent en panaches, laissant le soleil s’épancher et caresser cette terre si triste, si laide,  si nue et sans apparats, la réchauffant de ses rayons »

Un cliquetis fit sursauter l’enfant, la sortant de sa douce mélancolie.

Toc, toc  et retoc, des gouttes s’écrasaient sans complexe sur son nez, et son visage sans la mouiller par paroi interposée. Elle resta sans voix, interloquée, la stupeur ou peut-être la peur la figeait. Puis se reprenant, elle appela, puis s’égosilla.

La femme accourut, inquiète. La petite fille lui cria : regarde !

Sur les parois la pluie improvisait un air au rythme chaotique, un nuage s’était déchiré arrosant les sphères transparentes. La femme resta sans voix, inerte, pâle de stupeur.

Le souvenir des récits effrayants des derniers survivants, de ceux qui avaient vécu dehors, avant ….

La pluie était synonyme de pollution pénétrante, une eau aussi dangereuse que l’acide, grillant tout sur son passage et ne laissant aucune chance à la végétation. Les hommes en contact avec elle avaient eu la peau, les poumons brûlés, peu s’en était sorti vivant.

Aussi, elle retenait sa respiration pour ne pas hurler de terreur.

Un bip la fit sursauter, elle regarda son poignet. On la demandait d’urgence en salle de réunion. Les adultes arrivaient par petits groupes, le cœur serré, le climat était tendu, insoutenable.

Ils s’installèrent dans cette grande pièce sans fioritures, rien de superflu, que du pratique, univers triste.

Sur une tribune, celui qui paraissait être un haut responsable, prit la parole.

-         Je tiens à vous rassurer, nous avons effectué des prélèvements. Les analyses sont en cours, mais il apparaît que cette eau aurait perdu de son acidité. Sa dangerosité serait moindre.

Chacun retrouva le sourire, un soulagement collectif délia les langues.

Les enfants étaient restés le nez collé à la bulle, les gouttes glissants lentement, laissant des traces luisantes. Narquoises, elles s’entrechoquèrent, rebondissant sur les parois.

L’anecdote avait bouleversé la vie inerte de la colonie de rescapés, où plus rien ne se passait. La seule préoccupation était la survie.

La nuit arrivée, notre petit peuple s’était endormi rassuré.

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